• 7 Jours en Enfer

    Inspiré de faits réels.
    1986, deux semaines après la catastrophe de Tchernobyl une équipe d'intervention militaire, baptisée "Alpha Rescue", y est envoyée afin de sauver les survivants restants dont la femme et les filles du chef de l'escouade. Pensant exécuter une simple mission de sauvetage, les soldats ne vont pas tarder à s'apercevoir que quelque chose de terrible les attends là-bas, à Pripiat. Ils vont vivre une expérience au-delà de l'imaginaire, imbibée des pires atrocités qui puissent exister sur cette Terre.

    7 Jours en Enfer

    PROLOGUE : Je m'appelle Aleksander Demitchev et l'histoire que je vais vous raconter n'est en aucun cas une fiction. Aussi horrible que cela puisse paraître, tout ce qui y est relaté est malheureusement la triste vérité... Laissez-moi vous raconter l'expérience la plus traumatisante de ma vie...

    Deux semaines après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, une équipe d'intervention militaire - baptisée "Alpha Rescue" - a été envoyée à Ukraine. Composée des lieutenants Yuri Ivanov et Leonid Routskoi, de l'adjudant-chef Nikolai Gorbatchiov, du capitaine Isaak Borodine et de moi-même; elle a pour but de sauver les survivants restants dont la femme et les filles jumelles du capitaine Isaak, responsable de l'opération.
    Nous avions donc une semaine exactement pour accomplir notre mission. Celle-ci était simple : aller à Pripiat, faire le tour de la ville, ramener les survivants et repartir. Mais la réalité s'avéra plus compliquée que prévue.

    Les pages que vous allez lire sont des fragments de mon journal de bord, que j'ai tenu durant ce périple.

    ***

    JOUR 1 - L’ARRIVEE : Voilà deux semaines que l'accident a eu lieu et pourtant, le ciel est toujours aussi gris : un gris triste et sombre remplis de tristesse et de souffrances. Le ciel même reflète la mort. Si nous n'étions pas au courant de la situation, on se douterait qu'il s'est passé quelque chose d'anormal et tragique ici. 
    A bord de l'hélicoptère qui doit nous conduire à Pripiat, j'observe le paysage totalement dévasté. Il n'y pas une seule once de couleur, ni de vie d'ailleurs ; qu'elle soit animale, végétale ou humaine tout a disparu. Tout n'est que cendres, débris et désolation. 

    Nous ne sommes plus très loin de Pripiat désormais, et le détecteur de radiations commence à s'affoler, il affiche déjà plus de 1 000 mSv (millisievert). Je commence à avoir peur et à regretter de m'être porté volontaire pour cette mission. Les autre, assis à côté de moi, ne disent rien. Ils se contente juste de regarder le paysage et attendre que le trajet ne se termine.

    C'est bon, nous sommes arrivés. L'hélicoptère ne peut pas se poser, il faudra descendre par l'échelle. Yuri est le premier a passer, il ouvre la porte de l'hélicoptère et commence à descendre. J'aurais juré voir quelque chose passé à côté de l'hélicoptère en volant, et cela n'avait pas la taille d'un oiseau. Je sortis de ma torpeur lorsque je vis l'hélicoptère commencer à tanguer dans les airs, on perdait de l'altitude. Les radiations avaient dues endommagés les appareil électroniques. Pendant que l'hélico chutait, je vis Yuri lâcher l'échelle et s'écraser par terre. La hauteur était telle qu'il ne s'en sortirait pas.

    L'hélicoptère s'était crashé et le pilote était mort sur le coup. Il ne restait plus que Nikolai, Isaak, Leonid et moi. Nous avons donc marché quelques minutes avant de trouvé un ancien bâtiment désaffecté, sûrement un ancien hôpital ou un pensionnat, impossible de le savoir. Le capitaine, qui dirigeait l'opération, ordonna d'installer le campement ici. A vrai dire je n'avais pas très envie de dormir dans un endroit délabré, où les murs étaient tâchés de sang séché mais je n'avais pas intérêt à contredire Isaak. Nous nous sommes donc installés, nous passerons la nuit ici ce soir.

    ***

    JOUR 2 – PERTE DE CONTACT : La nuit fut terrible, je n'avais dormis que quelques heures tout au plus. J'avais du mal à m’endormir ; d'une part à cause de l'endroit qui empestait la mort et d'une autre part car je fus réveillé plusieurs fois dans la nuit par des bruits étranges. Comme si quelque chose était traîné sur le plancher de l'étage. Serait-ce un animal ? Est-il possible qu'il soit resté en vie ?
    J'en fis donc part au capitaine qui me contredis en disant que j'étais fatigué et que j'avais sûrement rêvé, mais je savais ce que j'avais entendu, tout comme je savais ce que j'avais vu à bord de l'hélicoptère. Mais je ne dis rien; les tensions lors d'une mission d'une telle envergure n'était pas de bons ménages.

    Le capitaine donna les instructions de la journée; Nikolai et lui partiraient visiter la ville pour trouver des survivants tandis que Leonid et moi devions rester ici, à surveiller le campement en vérifiant toutefois si des victimes étaient dans le coin.

    Voilà presque une heure que Isaak et Nikolai étaient partis. Leonid et moi étions toujours assis dans le campement mais personne n'osa briser le silence. Il avait l'air tellement triste et perdu dans ses pensées que je ne voulais pas le déranger. Au bout d'un certain je me décida à bouger, je me leva et annonça que j'allais visiter le bâtiment, mais il ne me regarda pas et ne me répondis pas non plus. Je partis donc afin d'enquêter sur les mystérieux bruits de la nuit dernière.

    Je rentra bredouille au campement... Il n'y avait absolument rien, ni trace de survivants, ni chien, ni rongeurs, ni même d'insectes. Peu de temps après, Nikolai et Isaak revinrent aussi de leur expédition bredouille. La fin de soirée se déroula dans le plus grand des calme. On mangeait ensemble et pourtant personne ne parlait, tout le monde était aspiré dans leurs pensée, sûrement à penser à leur vie passé, leur famille, leurs amis. Moi, je n'avais personne qui m'attendais chez moi... J'étais donc contraint de rester dans la "réalité".
    Je me coucha avec un terrible mal de tête et une douleur lancinante dans les jambes, je n'en parla pas à mes camarades. C'était sûrement dû aux radiations encore très fortes. 

    Allongé dans ma couchette, je pensa... Je voulais tellement rentrer chez moi, loin de cette ambiance morbide, mais le problèmes était tel que nous avions perdu tout contact avec l'armée. Leonid nous avait dit qu'il avait essayé toute l'après-midi, pendant mon excursion, d'appeler des renforts via la radio mais aucunes réponses ne se faisaient entendre. Nous étions isolés...

    ***

    JOUR 3 – LE DEBUT DE LA FOLIE : Une odeur de pourriture commençait à se faire sentir dans le bâtiment et les murs commençaient à noircir, comme si il y avait eu un feu. L'atmosphère tout entière était en train de pourrir sous l'effet des radiations. Les autres n'y firent pas attention, trop occupé à penser. On remarqua - au fur et à mesure que les jours passèrent - qu'il nous manquait de plus en plus de munitions et de nourriture. Pourtant nous n'avions utiliser aucunes cartouches depuis notre arrivée et la nourriture était sagement rationnée par notre capitaine. Il se passe quelque chose ici mais j'ai l'impression que personne ne veut en parler, comme si tout le monde avait peur de la vérité.

    Comme c'était le cas hier, le capitaine et Nikolai partirent en expédition espérant cette fois-ci trouver des survivants et surtout retrouver sa femme et ses filles jumelles. Leonid et moi, étions encore de corvée de "garde".

    Peu de temps après qu'Isaak et Nikolai soient partis, Leonid se leva en disant qu'il allait faire un tour dans le bâtiment. C'était inutile étant donné que je l'avais déjà fait hier, mais je ne contesta pas; il avait sûrement besoin de bouger et peut-être qu'il trouvera quelque chose que je n'avais pas vu. Je resta donc assis et acquiesça.

    Cela fait une heure, voire deux, que tout le monde est parti. Je n'avais rien de mieux à faire que d'attendre que tout le monde ne revienne. Ma peau commence à me démanger malgré la combinaison et le masque que nous portions sans cesse. L'horrible odeur est de plus en plus insoutenable; je commence à en avoir des nausées. Mais je ne dois pas vomir, car cela voudrait dire que je dois enlever le masque et donc risquer d'être d'autant plus irradié. Déjà que je ne suis pas très bien en point, il ne vaudrait mieux pas que j'aggrave mon cas.

    Je vis le capitaine arriver, seul. Je lui demande où était passé Nikolai, ce à quoi il me répondis qu'ils s'étaient perdus de vue, surement lorsqu'ils étaient dans les ruelles. Le calme avec lequel il m'annonça ça, me perturba. Comment perdre un membre de son équipe ne peut-il pas provoquer quelque chose chez lui ? Comment peut-il rester impassible alors que plus loin, un frère d'armes était peut-être en danger. Voyant ma mine désemparée, il ajouta comme pour me rassurer, que Nikolai était un très bon adjudant-chef et qu'il était armé et savait se défendre. Je n'en dis pas plus mais de nombreuses questions se bousculaient dans ma tête. Un silence s'installa entre nous deux, rapidement rompu par les hurlements de Leonid. Je me retourna et le vis courir vers nous en criant : « Mon Dieu !  C'est horrible ! ». Leonid arriva à notre portée totalement essoufflé. Isaak lui demande ce qu'il se passe mais il ne pouvait pas répondre, il répétait ces paroles : « Une abomination. C'était une abomination ». Nous attendions tous après lui, alors le chef insista cette fois-ci d'un ton stricte qui n'engageait pas à la riposte. Il nous raconta alors ; il se promenait dans la cour lorsqu'il vit un garçon errer. Au premier abord, le petit sembla tout à fait normal mais lorsque Leonid s'en rapprocha, il découvris l'horreur. Le garçon n'avais ni bras, ni yeux et pourtant il marchait comme s'il savait exactement où aller. Alors Leonid, ravalant sa salive, s'avança doucement vers le garçon en lui demanda s'il avait besoin d'aide. Le garçon s'arrêta net puis se mis à pousser des grognements en courant vers Leonid comme s'il voulait l'attaquer. C'est à ce moment qu'il s'est mis lui aussi à courir, pour rentrer au campement. Pourtant, on ne vit personne arriver, or si Leonid s'était fait poursuivre par cette... ce garçon, on aurait dû le voir. Mais il n'y avait rien, absolument rien. Pensant qu'il divaguait, Isaak nous rassura en nous disant que nous étions tous fatigués et que les radiations étaient encore assez fortes pour nous faire halluciner. Je regarda Leonid, son visage terrifié portait à croire qu'il n'avait rien inventer.

    Allongé dans ma couchette, je pensais à la journée qui se terminait. Mais je pensais surtout au récit de Leonid. Est-ce que ce garçon, sans yeux, sans bras, était réel ? C'était tout à fait possible; on sait que les radiations causent, à un certain niveau, des déformations sur la personne contaminée. Le petit errait sûrement à la recherche d'aide. Ou bien est-ce qu'il était sortis de l'imagination de Leonid ? C'était également possible, les radiations nous affecte tous ici... Se pouvait-il que Leonid commence à devenir fou ?
    Quoi qu'il en soit, le capitaine avait annoncé que demain nous irions à la recherche de ce garçon et que nous le sauverons de cette ville maudite.

    *** 

    JOUR 4 – EXPEDITION COLLECTIVE : Les provisions s'amenuisent de plus en plus. Le capitaine avait décidé qu'il était temps de lever le camp ; plus on s'éloignerait de cet endroit et plus le groupe pourrait retrouver une certaine stabilité. Leonid ne parle plus, bien qu'il ne parlait pas avant, voire très peu. Il se contente de fixer le vide sûrement à se remémorer ce qu'il avait vu. Le capitaine n'y fit pas attention.

    Nous sommes en route pour la première fois tous ensemble, à la recherche de potentiels survivants. Pourtant, les jours se succèdent et les chances de retrouver des personnes vivantes sont de plus en plus faibles. Mais il ne faut pas perdre espoir, nous partons d'abord à la recherche de ce garçon; il n'était sûrement pas très loin, et de toute évidence il avait besoin d'aide.

    Voilà deux heures que nous marchons à travers la ville. Les recherches dans la cour n'avaient menées à rien, il n'y avait aucunes traces de ce petit garçon. Nous sommes donc partis en ville, histoire de voir s'il n'y était pas.
    Pour la première fois, le capitaine s'intéressa à moi ; il me demanda pourquoi j'écrivais tout le temps dans ce cahier, si c'était une sorte de journal intime ou quelque chose dans le genre. Evidemment cela me mis mal à l'aise, j'avais l'impression de passer pour une gamine de dix ans qui écrivait sa vie dans son journal intime. Mais je lui répondis, en bégayant, que c'était un journal de bord et non pas un journal intime dans lequel je raconte tout ce qu'il se passe dans cette mission. Cela me fait office de point d'ancrage avec la réalité, celle que j'ai laissé il y a maintenant trois jours, par rapport à cette mission qui se rapproche de plus en plus d'un cauchemar. De plus, il me permet de ne pas sombrer dans la folie comme... Je regarda derrière nous; Leonid marchait en regardait ses pieds, toujours à se remémorer ce garçon qu'il avait vu. Je ressentis un profond sentiment de peine face à mon camarade qui venait de perdre toute trace de raison. 
    « Je vois... ». C'est ce que me répondis le capitaine. Connaissant le capitaine, je pensais qu'il se moquerait, qu'il me critiquerais en disant un truc du genre « C'est un truc de tapette quoi... ». Mais il se contenta de dire : « Je vois... » comme s'il comprenait mes raisons. De tout évidence, cette mission l'affectait également autant que nous.

    Le jour commençait à tomber. Isaak ordonna qu'on monte le campement dehors. Leonid, jusque-là silencieux, intervint en proposant de camper dans un bâtiment, car on y serais plus en sécurité. Mais Isaak resta ferme :
    « En sécurité de quoi, lieutenant Routskoi ?! Vous avez peur de votre aveugle manchot, c'est ça ?! Il n'y a personne dans cette putain de ville de merde ! Alors on campe ici ce soir, et si vous le revoyez dites-lui bonjour de ma part ! Est-ce clair ? »
    Leonid hocha la tête. Nous étions tous abasourdis par le "pétage de plomb" du capitaine et nous mîmes à installer le campement. De toute évidence, il ne valait mieux pas le contredire.

    Je me réveilla un peu plus tard dans la nuit, impossible pour moi d'arriver à dormir. Je m'assis donc sur ma couchette, et scruta l'horizon. Tout était sombre et sans vie. Puis je discerna une forme dans la pénombre, une forme étrangement humaine mais avec de longues pattes comme celles d'une araignée. Je plissa les yeux, afin de mieux la distinguer. Était-je en train de rêver ou était-je moi aussi devenu fous ? Je sursauta lorsque je la vie bouger, mais elle s'enfonça dans la pénombre. J'étais pris de panique ; fallait-il que je réveille les autres ? Pour les prévenir de quoi ? Que j'avais vu un homme-araignée dans l'obscurité ? Ils me penseraient fou... Je me recoucha mais n'arrivais pas à me rendormir, cette silhouette était gravée dans ma tête. Dès demain, nous repartirons plus loin dans la ville. Dès demain, l'expédition collective continuerais.

    ***

    JOUR 5 – EMBUSCADE : Le réveil fut difficile ce matin, je n'avais pratiquement rien dormis de la nuit. Trop obsédé par cette chose que j'avais vu. Je décida de ne pas en parler aux autres; au risque de passer pour un fou.

    Nous nous apprêtions à lever le camp lorsqu'on entendis un cris strident, puis je vis quelque chose s'élancer vers nous à toute vitesse. Je mis un certain temps avant de la reconnaître, mais il s'agissait bel et bien de la créature de la nuit dernière. A la lumière du jour, je pu percevoir les horrible détails ; elle avait belle et bien des longues jambes allongées semblables à celles d'une araignée, huit exactement. Elle avait le buste et le visage d'un enfant, et pourtant rien n'était encore humain chez elle. Elle se rapprochait de plus en plus vers nous. Nous étions tous paralysés par la peur. Nos armes en main nous étaient inutiles face à la peur qui nous dominait. Puis le capitaine réagis; il sortis le Makarov PM de son étui puis tira sur la créature. Un tir. Deux tirs. Trois tirs. Rien ne semblait l'arrêter, ni même la ralentir. C'est alors qu'une rafale de balles vint transpercer la créature de plein fouet. Il fallut un moment avant que nous réalisions que c'était Leonid qui lui tirait dessus, vidant le chargeur de son pistolet-mitrailleur PPSh-41, soit plus d'une soixantaine de cartouches utilisées pour venir à bout de cette monstruosité.
    Il nous fallut quelques minutes pour comprendre ce qui venait de se passer; quelque chose d'inhumain venait de nous attaquer, quelque chose que l'on ne voit même pas dans nos pires cauchemars, tout droit sortis de l'Enfer. Leonid encore sous le choc, s'exclama qu'il nous avait dit que quelque chose clochait et qu'il n'avait pas inventé l'histoire du garçon. Mais le capitaine, lui aussi choqué, ne répondit pas. Il fallait qu'on continue avant que d'autres, si il y en avait encore, n'arrivent.

    Nous continuons donc de marcher. Je n'avais donc pas rêver lorsque je l'avais vu la nuit dernière. Je n'avais pas non plus rêver lorsque j'ai vu quelque chose voler lorsque nous étions dans l'hélicoptère. Que se passait-il ici ? D'où sortait ces monstres ? Étaient-ce des humains irradiés ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête, et les garder pour moi n'arrangeaient en rien les choses. Personne ne parlait de ce qui venait de se passer, comme si tout était normal et que nous n'avions pas tuer quelqu'un ou quelque chose...

    Isaak, Leonid et moi arrivions enfin dans un parc, ou du moins ce qu'il en restait. Tout était en piteux état ; les balançoires, le tourniquet, le toboggan... Absolument tout. Le bruit du vent soufflant avait le son de rires d'enfants. Ou peut-être était-ce des fragments d'âmes, vous savez c'est comme quand une personne meurt ; elle ne part pas totalement au paradis. Un morceau de son âme reste emprisonné sur cette Terre et peut se manifester sous diverses formes ; rires, pleurs, cris, ... Eh bien, j'eu cette impression lorsque j'entendis ces rires. C'était sûrement mon imagination. Nous examinions le parc abandonné. C'est alors que nous le vîmes ; un corps inerte étendu en plein centre. Nous nous avançâmes donc doucement de peur de tomber à nouveau nez-à-nez avec une de ces créatures. En s'avançant de plus en plus, on remarqua la tenue semblable à la nôtre. Il s'agissait de Nikolai qui devait être gravement blessé. Nous nous sommes donc mis à courir vers lui, en espérant qu'il soit encore en vie. Notre espoir s'anéantis lorsque nous vîmes son visage totalement mutilé. A côté de lui, son arme était éparpillé en morceaux. Il avait dû être attaquer par une créature, peut-être la même que celle qui nous a attaqué. Le capitaine était désemparé face à la situation, il ne savait quoi dire, ni quoi faire. Il se contenta de regarder le corps inerte de son partenaire avec une mine désolée. Je fixa Leonid qui lui aussi semblait abattu par la mort de son camarade. J'étais mal à l'aise, je ne connaissais pas assez l'adjudant-chef pour exprimer un quelconque remord. Je me contempla alors de fixer les alentours, déserts. Du moins c'est ce que je croyais lorsque je vis un homme déformé arriver vers nous, puis une femme, et encore un homme. Ils commençaient à en venir de toute part, comme apparus par magie. D'une petite voix j'appela le capitaine qui, accroupis par terre pour rendre hommage à son frère d'arme, se releva et les vis lui aussi. Leonid aussi les remarqua. Ils devaient désormais y en avoir une bonne cinquantaine de toute sortes. Ils étaient tous irradiés avec des déformations plus ou moins différentes. Certains n'avaient pas d'œil, d'autres pas de bras, d'autres encore laissaient paraître leurs organes. Nous étions dans un cauchemar. Toutes... Toutes ces monstruosités qui nous encerclaient... C'était une embuscade qu'ils nous avaient tendus... 
    Alors nous nous mîmes à courir à la recherche d'un endroit sûr. Ils étaient beaucoup trop nombreux pour les affronter. Rapidement Leonid et moi, étant les plus jeunes, prenions la tête. L'écart entre le capitaine et nous se faisait de plus en plus grand. Par chance, je remarqua un bâtiment en assez bon état pour pouvoir nous abriter. Je m'y engouffra donc, suivis de Leonid. Une fois à l'intérieur, j'étais à bout de souffle. Puis j'entendis le bruit d'une porte se fermer. Leonid venait de fermer la porte alors que le capitaine était encore dehors.
    « Leonid ! Qu'est-ce que tu fous ?! Le capitaine est dehors !
    - C'est pour notre propre bien ! Il était trop proche de ces horreurs ! Si nous le laissons passer, elles s'engouffreront toutes et nous tuerons ! »
    J'entendis le capitaine frapper à la porte de toutes ces forces, il voulait rentrer, il hurla qu'on lui ouvre la porte. Mais Leonid ne céda pas. Il avait déjà barricader la porte avec un bureau. J'étais complètement paralysé par la peur ; entre les cris d'Isaac, les bruits de ses poings sur la porte résonnait dans toute la salle, les hurlements des créatures se faisaient de plus en plus proche. Je ne pouvais pas intervenir ; Leonid avait raison. Si nous sauvions la vie du capitaine, c'était nos vies à nous qui seraient mises en danger. Alors que ma raison m'obligeait à rester sur place, ma conscience, elle, me poussait à aller ouvrir au capitaine. Alors que je lutta intérieurement pour prendre la bonne décision, j'entendis les créatures se jeter sur le capitaine. Il hurla se douleur, lorsque les créatures labouraient sa chair. Nous ne voyions rien mais l'imagination faisait le travail à la place de la vue... 
    Peu de temps après, les cris du capitaine s'estompèrent, il venait de mourir. En revanche, les cris des monstres continuaient toujours d'hanter mes oreilles. Ils commençaient à s'attaquer à la porte qui ne tarderait pas à céder. Alors Leonid m'appela pour l'aider à faire basculer une armoire pour renforcer la porte. Il nous fallut beaucoup de force pour arriver à faire tomber l'armoire mais nous y arrivâmes. Épuisés, nous nous écroulons par terre, à bout de force.

    ***

    JOUR 6 – SEUL : Je me réveilla en sursaut. Je mis un certain temps avant de me remémorer où j'étais et les événements qui s'étaient dérouler la veille. Les cris monstrueux résonnaient toujours dehors. Je vis Leonid recroquevillé sur lui-même ; de toute évidence, il n'avait pas pu dormir à en juger par son visage à la fois terrorisé et fatigué. Moi aussi j'étais fatigué, et même lassé. Toutes ces horreurs que j'avais vu au cours des cinq derniers jours, littéralement sortis de l'Enfer, étaient inimaginable pour tout être vivant sain d'esprit. Les bruits des créatures étaient insoutenables, certains renflaient à la porte tandis que d'autres la grattaient. Je suis effrayé, mon estomac me brûle et je commence à devenir fous à force de les entendre, là, juste derrière la porte...

    Même au bout de quelques heures, les créatures étaient toujours présentes. Toujours à gratter, crier, renifler. Nous étions en Enfer... Leonid toujours recroquevillé en boule, se bouchait les oreilles afin de ne plus entendre les bruits. Il commençait à me faire peur, il commençait à se balancer d'avant en arrière. On aurait dit un possédé. J'ai peur...

    Je n'arrivais pas à m'endormir. Les bruits étaient incessants et insupportables. Ils m'avaient rendus fou. Ça y est ! Je suis fou ! C'est la fin pour moi. Je vais crever ici avec pour seul présence humaine vivante un fou encore plus fou que moi. Je n'en peux plus !

    Leonid se leva d'un coup en hurlant « Assez ! ». Il se dirigea à l'étage. Je me demande ce qu'il allait faire, si bien que je me mis à le suivre. Je lui demandais où il allais et ce qu'il faisait mais il ne me répondis pas. Je ne savais pas ce qu'il allait manigancer mais en tout cas lui le savait. Je tentais tant bien que mal à le suivre, à travers les couloirs et les escaliers. Mais qu'avait-il donc derrière la tête ?
    Nous arrivons enfin à l'étage le plus haut du bâtiment. Je le vis se diriger d'un pas déterminé vers une fenêtre, c'est alors que je compris. J'hurla son prénom afin de l'en empêcher mais Leonid avait déjà sauté par la fenêtre. Je m'y précipita et vis le corps inerte de mon camarade. Une mare de sang commençait à apparaître, il était mort sur le coup. Pourtant, je pu distinguer sur son visage un sourire de satisfaction. Comme si en mourant, toute la misère, les horreurs et la folie avaient disparues.

    La nuit se levait sur Pripiat. D'ici, je pouvais encore entendre les créatures mais beaucoup moins fort. Comme si on avait baissé le volume d'un film d'horreur trop fort. J'étais à bout de force. Nous avions perdus toutes les munitions et la nourriture lors de l'embuscade. J'étais totalement seul et désemparé. Je m'allongea en espérant trouver le sommeil.

    ***

    JOUR 7 – LES SAUVEURS : Je fus réveillé par des coups de feu provenant de l'extérieur. Je me posta à la fenêtre afin de voir qui causait tout ce remue-méninges. 
    Je les vis ; trois hommes en combinaisons similaires à la mienne avec un masque à gaz en train de massacrer tous les monstres qui attendaient devant la porte. Serait-ce les secours ? Je les appela mais ils ne m'entendirent pas. Je rassembla le peu de forces qu'il me restait pour me précipiter au rez-de-chaussée pour pouvoir les rejoindre. J'avais retrouvé l'espoir que j'avais perdu depuis bien longtemps. J'allais enfin pouvoir rentrer chez moi.
    « Merde ! ». J'avais oublié que la porte avait été barricadée. J'entendais les voix s'éloigner mais j'hurlais pour qu'ils puissent m'entendre et me sauver de cet Enfer. Mais ils ne semblaient pas y faire attention. Je tenta tant bien que mal d'enlever l'armoire qui bloquait la porte mais impossible de la bouger. Elle était trop lourde et je n'avais plus assez de force. Je tenta et retenta de la pousser de toutes mes forces, en vain. Elle refusait de bouger. Je continua sans cesse de la pousser. Je ne pouvais pas me permettre de rester coincer ici. Je poussa un cri de rage comme pour me donner la force nécessaire, et par je ne sais quel miracle je réussis à la dégager de la porte. Le bureau était moins lourd que l'armoire donc je n'eu pas trop de mal à le bouger. Je pu enfin sortir en enfonçant la porte. Je me précipita dans la rue. Je regarde à gauche puis à droite ; aucunes traces des sauveurs. Puis j'entendis le bruit d'un hélicoptère.
    Je fis volte-face ; il commençait à prendre de l'altitude. « Non, ce n'est pas possible ! ». Je ne pouvais pas croire que j'allais rater la seule chance de m'évader. Je fis de grands appels de signe mais l'hélicoptère prenait de plus en plus d'altitude. J'hurlai à gorge déployer, ils ne pouvaient pas me laisser là ! Puis il commença à avancer doucement dans les airs, je couru après, tout en criant et en gesticulant mes bras dans tous les sens. A bout de souffle, je m'arrêta. C'était finis. Je pensais que tout était finis. J'allais rester coincer ici et peut-être même mourir d'ici deux ou trois jours. 
    Par je ne sais quel miracle, l'hélicoptère fis demi-tour dans ma direction. Je n'en croyais pas mes yeux. Il revenait ? Pour moi ? Il se positionna au-dessus de moi, et une échelle se déroula devant moi. Je ne mis pas longtemps à saisir l'échelle, je n'avais plus de force pour grimper mais ce n'étais pas un problèmes car je sentis que l'échelle était tirée vers le haut.

    Assis dans l'hélicoptère depuis maintenant quelques minutes, nous étions en route pour la maison. J'allais enfin rentrer chez moi. Étrangement, les hommes qui m'avaient secourus n'avaient pas dit un seul mot depuis que j'étais monté à bord, mais lorsque je les ai remercier. Il me toisait du regarde, et j'étais vraiment embarrassé. Avaient-ils peur de moi ? Ils devaient sentir que je n'étais pas dans mon état normal et qu'une expédition trop prolongée à Pripiat m'avait contaminé, irradié. Je continua donc d'écrire mon journal tout en contemplant la ville s'éloigner de plus en plus. Je poussa un profond soupir de soulagement; j'étais libre et en route vers la sécurité, loin de toutes ces atrocités auxquelles j'étais confronté. Ces hommes, dont je ne connaissais ni le nom, ni l'apparence étaient mes Sauveurs...

    Voilà plusieurs heures que nous volons à travers les airs et j'ai l'impression que nous ne rentrons pas chez nous. Je me rappelais du voyage que nous avions effectué à l'allée et il était différent de celui-ci. Je me risqua à demander : « On ne rentre pas à la maison ? ». L'un me regarda tandis que les autres fuyaient mon regard. Il m'examina pendant un instant mais ne se donna pas la peine de me répondre. Il tourna la tête vers les nuages. J'attendis quelques secondes mais l'homme qui m'avait regardé n'avait pas l'intention de me répondre. Dans quel pétrin m'étais-je encore fourré ? Ou allions-nous comme ça ?...

     

     FIN


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