• Don't call the ghosts

     

    Maxence et ses amis ont la maison pour eux tout seuls. Et quoi de mieux qu’une séance de spiritisme quand les parents ne sont pas là ? Pourtant, les trois jeunes en jouant à un jeu qu’ils pensaient connaître, vont sans le savoir, déchaîner des forces qu’ils ne maîtrisent pas. Un conseil : N’appelez jamais les fantômes ! Vous pourriez avoir des surprises…

        « Tu es sûr que tu ne veux pas venir, trésor ?
    - Non, c’est bon. Je préfère rester à la maison.
    - Tu es sûr ?
    - Laisse-le chérie, s’il te dit qu’il n’a pas envie de venir, ne le forces pas… Tout va bien se passer.
    - Oui, papa a raison. Ne t’inquiète pas pour moi, profites de ta soirée.
    - Oh… Bon d’accord. On rentrera très tard, donc ne t’inquiètes pas.
    - Tes amis arrivent à quelle heure ?
    - Ils ne devraient plus trop tarder. Allez, bonne soirée !
    - A toi aussi fiston ! »

    Maxence referma la porte d’entrée derrière ses parents qui se dirigeaient vers la voiture garée dans l’allée. Il entendit le bruit du moteur qui s’éloigna, et put enfin jubiler ; il avait la maison pour lui tout seul ! Ses amis n’allaient pas tarder à arriver. Ils pourraient donc passer une super soirée sans contrainte parentale. Il remplit un grand saladier de chips, sortit trois sodas qu’il posa sur la table basse puis installa le film d’horreur. Qui dit soirée sans parents, dit soirée film d’horreur, une sorte de rituel qu’avait Maxence et ses amis.

    D’ailleurs, on toqua à la porte ; il s’agissait de David et de Benjamin qui venaient d’arriver.
    « Salut, les potes ! Entrez ! J’ai déjà tout préparé !
    - J’ai vu pas mal de commentaire sur ce film qui disait que certains étaient sortis de la salle de cinéma en pleurs tellement il était flippant !
    - Génial ! Soirée frisson garantie ! »

    David et Benjamin, étaient les meilleurs amis de Maxence. Ils se connaissaient depuis l’école maternelle et ont toujours été ensemble. Encore maintenant, à 14 ans, ils continuaient de garder leur bonne entente tous les trois. Chacun avait un caractère propre à lui. David était une tête brûlée, rien ne l’effrayait. Tantôt blagueur, tantôt enjôleur, il savait ce qu’il voulait quand il le voulait si bien que la plupart des personnes le trouvent « têtu comme une mule ». Benjamin, c’était le calme incarné. Une « encyclopédie vivante », comme ses amis aimaient l’appeler. Maxence, quant à lui, avait une grande passion pour les arts comme la lecture ou encore le dessin. Doté d’un grand sens de l’humour, il adore faire rire ses amis en leur racontant des blagues, la plupart pas drôles.

    Nos trois amis se dirigèrent donc vers le canapé, où chacun pris la place qui lui était attribuée. Puis Maxence lança le film.

     

              Une fois le film terminé, ils poussèrent tous un soupir de soulagement.
    « Bah, dis donc ! Ce film est vraiment flippant ! s’exclama David
    - En effet, les commentaires ne s’étaient pas trompés…
    - Surtout à la fin, quand on apprend que la fille n’est en réalité pas morte mais qu’elle renaît dans un autre corps ! HO-RRIBLE ! ajouta Maxence
    - Bon, et maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ?
    - Hum… Je ne sais pas… Une idée, David ?
    - Ouais… J’ai ma petite idée… »
    Benjamin et Maxence se tournèrent vers lui, qui avait ce sourire maléfique que ses amis ne connaissaient que trop bien ; David avait une idée en tête ; une bêtise à faire !
    « Et si on appelait les esprits ?
    - Les esprits ?! Mais t’es malade !!! Tu ne sais donc pas qu’il ne faut jamais appeler les esprits ?!
    - Benjamin a raison, et puis en plus on n’a rien pour les appeler…
    - Attendez… »
    David fouilla dans son sac et en sortit une planche en bois Ouija avec sa « goutte ».
    « Bon alors, on commence ?
    - C’est une blague ? »

    David rigola mais cela n’avait rien d’une blague, il était on ne peut plus sérieux. Après un moment d’hésitation, les deux amis finirent par le rejoindre et ensemble ils commencèrent la séance.

    Les jeunes amis s’installèrent sur la table de la salle à manger et posèrent tous leur index sur la « goutte ». D’une voix solennelle, Davis s’exclama :
    « Esprit, esprit, est-tu là ? »
    Mais rien ne se produisit. Il retenta alors une deuxième fois :
    « Esprit, esprit, est-tu là ? »
    Cette fois-ci, la « goutte » bougea pour se positionner sur le « OUI ».
    « Wouah ! s’exclama Benjamin, quelqu’un l’a fait bouger ?
    - Pas moi !
    - Moi non plus !
    - Oh merde…
    - Bon, je continue… Esprit, quel est ton nom ? »

    La goutte navigua de lettres en lettres :

    M – C - A - L – I – S – T – A – I – R

    « McAlistair ?! »
    Elle se dirigea ensuite sur « OUI ».
    « D’où viens-tu, McAlistair ? »

    F – A – L – L – S – C – H – U – R – C – H 

     

    « Falls Church ? Ce n’est pas très loin d’ici…
    -  Heu… Et que veux-tu ? »

    Comme précédemment, la goutte épela un mot :

    V – E – N – G – E – A – N – C – E 

    Benjamin retira immédiatement ses mains lorsqu’il comprit le mot. Lorsqu’il rompit la séance, les lumières s’éteignit et un cri, une sorte de râle lointain remplit toute la maison. Il venait de briser le lien qui les liait à l’esprit et cela ne lui avait pas plu.
    « Mais qu’est-ce que tu as foutu bordel ?! s’écria David, tu viens de rompre la séance !!!
    - Je… J’ai paniqué ! Désolé…
    - Allons, allons, on se calme les mecs… On oublie cet incident et on profite de la soirée ?
    - Mouais…
    - O-Oui… D’accord…
    - Et si on faisait des recherches sur ce Mc Alistair ? »

    Les deux acquiescèrent ; David n’était plus en colère. Ou du moins, il ne faisait plus rien paraître.
    Maxence, suivit de Benjamin et de David, se dirigèrent dans sa chambre pour faire une recherche sur Internet.

     

                La chambre était typique d’un jeune homme de 14 ans ; quelques chaussettes et vêtements traînaient un peu partout dans la chambre, le lit n’était pas fait et des posters de groupes de rock au nom imprononçable remplissaient tous les murs de la pièce. David, adossés à un mur les bras croisés et Benjamin, assis sur le lit de Maxence, attendaient patiemment qu’il trouve quelque chose d’intéressant.
    « Et les gars, j’ai trouvé quelque chose d’intéressant ! C’est un article de journal. Ecoutez…


    Une maison ravagée par les flammes d’un incendie à Falls Church
    Ce samedi 21 novembre, un immense incendie s’est déroulé à Falls Church. Cette petite ville d’apparence tranquille située au nord de la Virginie, a connu ce matin un tragique accident. La maison d’un de ces résidents aurait soudainement pris feu. La maison étant ancienne, le feu n’eut pas de mal à se répandre rapidement. On raconte que le père qui rentrait d’une commission aurait vu sa maison en proie aux flammes et se serait précipité dans l’incendie pour essayer de sauver son jeune garçon âgé de 9 ans. Le petit aurait été enfermé dans sa chambre coincée par une poutre du toit qui se serait effondrée. Le père essayant tant bien que mal d’enfoncer la porte pour sauver son garçon qui criait à l’aide, n’arrivait pas à l’ouvrir. Les autorités qui ont inspecté la scène du tragique accident ont découvert qu’il n’avait jamais réussi à ouvrir la porte et que les deux victimes ; Edward McAlistair âgé de 40 ans et son fils Romuald McAlistair âgé de 9 ans, périrent dans l’accident. Les autorités ne pensent pas qu’il s’agisse d’un acte criminel mais aucune certitude n’est vérifiée et l’affaire reste en suspens jusqu’à de nouvelles preuves.

    « Ça alors… C’est vraiment flippant comme histoire !
    - Oui, mais j’ai déjà entendu cette histoire… On raconte également que depuis ce jour funeste, le
    fantôme du père cherche toujours à ouvrir la porte et à sauver son fils. Et si tu dis… Euh… je ne préfère pas le dire vraiment... Mais en gros si tu appelles à l’aide en criant « papa », que tu dis que tout brûle, et que tu lui demandes de venir te chercher, cela attire le fantôme qui viendrait frapper à ta porte pour venir te chercher…
    - Encore plus flippant ! répliqua Maxence »
    David eut alors une idée, il sourit puis d’une voix aigüe et chevrotante cria :
    « Papa ! Papa, à l’aide ! Tout brûle autour de moi ! J’ai peur ! »
    Ses amis le regardèrent incrédule, ne comprenant pas ce qu’il faisait. David reprit de plus belle :
    « Je brûle, papa ! Je brûle ! A l’aide ! »
    Maxence et Benjamin lui demandèrent d’arrêter mais celui-ci continuait comme si tout cela l’amusait.
    « Papa ! Je t’en supplie, papa ! Il y a le feu part… »
    Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase, que Maxence hurla plus fort que lui :
    « TU ARRÊTES MAINTENANT !!! COMPRIS ?! »

    Tous les trois, même Maxence, étaient choqués face à l’agressivité dont avait fait preuve ce dernier. Ce n’était pas dans son caractère de s’énerver ainsi.
    « BOOM ! BOOM ! BOOM ! »
    Trois coups frappèrent à la porte, ce qui fit sursauter les trois jeunes dans la chambre et se braquèrent aussitôt vers la source du bruit : la porte de la chambre. Le bruit continuait impassible en résonnant dans toute la pièce.
    « BOOM ! BOOM ! BOOM ! »
    C’est à ce moment qu’ont commencé des cris, des cris horribles et monstrueux. Des cris totalement inhumains. Quelque chose d’aigu et de profond, mélange de profonde tristesse et de haine immense. Les coups à la porte et les cris se mélangèrent et se répétèrent faisant un vacarme insupportable. Les jeunes étaient terrorisés ; Maxence tentait de se couvrir les oreilles à l’aide de ses mains pour limiter le plus de bruit, David, plus valeureux mais pas très fier avait saisi une chaise et la brandissait dans les airs, prêt à frapper tout ce qui pourrait entrer dans la chambre. C’était Benjamin qui fut le moins courageux d’entre tous ; il s’était recroquevillé sur lui-même, pleurant toutes les larmes de son corps.
    Comme pour répondre aux geignements de ce dernier, les cris et les frappements s’intensifièrent comme si quelque chose essayait d’entrer mais n’y arrivait pas. Par on ne sait quel miracle, les gonds de la porte tenaient le coup, comme si c’était obligé de rester enfermé de l’autre côté.

    Alors, Benjamin se leva, le visage rouge et plein de larmes :
    « Je ne vais pas rester là, à attendre ! Je tente ma chance par la fenêtre »
    Maxence essaya de l’en empêcher mais Benjamin avait déjà ouvert et était en train de passer par la fenêtre. Il glissa sur le lambris du mur et s’écroula par terre. Une fois que le corps heurta le sol, Benjamin se mit à hurler. Il s’était tordu la cheville, qui faisait un angle drôlement anormal. Aux cris de Benjamin s’ajoutèrent ceux de derrière la porte qui s’étaient encore plus intensifiés. Une odeur, que les jeunes n’avait pas sentis auparavant car trop faible, s’était introduite dans toute la pièce. Une puanteur atroce de viande en décomposition et de cochon brûlée emplissait désormais toute la pièce. David se mit à vomir sur le sol, tellement l’odeur était insupportable. En voyant son ami vomissant devant lui, l’odeur que celui-ci dégageait mêlé à l’odeur abominable, Maxence fut tenté lui aussi de vomir mais se retint, il déglutit tout en essayant de penser à autre chose.
    Epuisé, il s’adossa contre le mur de sa chambre, ne savant plus quoi faire. David, quant à lui, le dos courbé n’était pas dans son assiette. Il était pâle et on aurait dit qu’il s’apprêtait à revomir à tout moment. Les cris Benjamin s’étaient estompés, mais ses amis n’y firent pas attention. Ils attendaient que ce cauchemar se termine.

     

              Au bout de quelques minutes, les cris s’étaient eux aussi estompés, les coups à la porte avaient cessé et l’odeur avait disparu. David regarda Maxence avec interrogation, pour savoir s’il ne rêvait pas. C’est un soupir de soulagement que Maxence poussa comme pour lui répondre. David se leva lentement et d’un pas hésitant, avança vers la porte. Il saisit la poignée et tourna doucement, puis ouvrit d’un coup sec. Rien. Le couloir était plongé dans l’obscurité, on ne distinguait rien. Alors David se retourna, l’air amusé et dit à haute voix :
    « C’est dingue, la porte était ouverte… Il est con ce fan… »
    Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase car deux mains le saisirent pas les épaules pour l’emmener dans l’obscurité. Puis la porte se ferma dans un claquement. Maxence écarquilla les yeux, que venait-il de se passer ? Il n’avait pas eu beaucoup de temps pour analyser la scène mais un détail le frappa ; les mains qui avaient saisi David étaient noires charbon, comme si elles avaient carbonisé…

     

              Une semaine plus tard…
    De nombreuses choses avaient changé en une semaine. David était resté introuvable, personne ne savait où il était passé et lorsqu’on lui demanda, Maxence répondit qu’il ne l’avait pas vu, sinon il aurait été obligé de tout raconter et la police ainsi que ses parents auraient pensé qu’il était fou. Benjamin, lui, était dans un état critique. Sous respirateur artificiel, les médecins ne savaient pas s’il allait survivre, en plus de la fracture à sa cheville, Benjamin s’était également brisé les côtes et avait eu le droit à un traumatisme crânien. Sa vie ne tenait désormais plus qu’à un fil. Maxence, était devenu beaucoup plus réservé depuis cet accident. Il ne parlait plus à personne et restait dans son coin à attendre que les journées passent. Ses parents essayèrent en vain de savoir ce qu’il s’était passé cette nuit mais Maxence refusait catégoriquement d’en parler. Ils avaient pensé à l’emmener chez un psychologue mais ce sont désistés au dernier moment, craignant que son cas s’aggrave.
    Un jour, alors qu’il rentrait du collège plus tôt, il décida, sous un coup de tête de prendre le bus direction Falls Church. Ce n’était qu’à une demi-heure d’ici, et ses parents ne s’en rendraient même pas compte. Tout le long du trajet, il fixa le paysage qui défilait. Il le fixait d’un air vide rempli de tristesse. Il ne faisait pas attention aux personnes qui s’asseyaient à côté de lui, qui le regardaient bizarrement ou encore qui descendaient aux arrêts. Il se contentait de fixer le paysage en attendant d’arriver à destination.
    Puis, il lut le panneau « Bienvenue à Falls Church » et descendit au premier arrêt. Il jeta un rapide coup d’œil autour de lui jusqu’à apercevoir un panneau signalétique « Cimetière de Falls Church ». Il suivit la flèche que le panneau indiquait jusqu’à arriver devant un grand portail métallique noir. Il poussa la porte qui émit un grincement, comme pour renforcer le côté dramatique de la situation. Il n’y avait personne à cette heure-ci de la journée, tant mieux, pensa-t-il. Il vagabonda entre les allées de pierres tombales jusqu’à trouver celle qui cherchait.

    En mémoire de
    Edward J. Jones McAlistair
    Qu’il repose en paix
    1977 – 2017

    A côté de celle-ci, une autre pierre tombale, plus petite.

    En mémoire de
    Romuald J. Carter McAlistair
    Béni sois cet ange parti trop tôt
    2008 – 2017

    Maxence eu un pincement au cœur. Il s’agenouilla devant la tombe d’Edward, et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.
    « Je suis vraiment désolé… Désolé… Pour tout ce qu’on a fait… On ne voulait pas vous offenser… Pardonnez-nous… »
    Il sentit quelque chose dans sa nuque, comme un souffle, et fit volte-face. Mais il n’y avait rien. C’était sûrement le vent. Il regarda à nouveau la pierre tomba, et renifla tout en essuyant les larmes de ses yeux et de ses joues. Il posa les mains sur la pierre glaciale et s’apprêtait à les enlever lorsqu’il sentit comme une vague de chaleur lui parcourir la paume. Il les laissa donc posées sur la pierre. C’est alors que deux mains sortirent de la pierre tombale pour venir lui attraper ses deux poignets. Il contempla avec horreur les mains en pierre qui sortait de la tombe et qui lui serrait les poignets de plus en plus fort. Il tendit de se débattre mais la pierre lui faisait trop mal. Il sentit ses poignets se réchauffer puis brûler. Il hurla de toute ses forces puis réussit à se défaire de l’emprise qu’elles avaient sur lui. Il tomba en arrière, mais se releva aussitôt. Les mains avaient disparu. Une douleur au bras se fit ressentir. Il le leva et contempla avec horreur sa chair brûlée qui formait des mots : « N’appelez pas les fantômes ». Les yeux embués de larmes, il contempla la pierre tombale qui semblait totalement anodine comparée aux autres. Pourtant, elle n’avait rien d’anodin cette pierre tombale… Elle était maudite.

     

    FIN


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :